COVID-19 : Macron entre bonneteau et roulette russe.


COVID-19 : Macron entre bonneteau et roulette russe.

L’intervention télévisée d’Emmanuel Macron au soir du mercredi 14 octobre se voulait rigoureuse, décidée et empreinte de la solennité qui sied aux jours difficiles. Elle ne fut qu’évanescente, décousue et hasardeuse, habitée par cette étrange confusion qui depuis huit mois, de la pénurie de masques à l’incohérence stratégique du dépistage ou du traçage, est la marque sigillaire du traitement de la crise sanitaire par l’Exécutif.

Entre l’autoritarisme, les hésitations et l’absence d’anticipation qu’ils constatent amèrement, les Français ressentent au plus profond d’eux mêmes l’indécision d’un pouvoir sans boussole et sans autre référence que les avis contradictoires de ce gouvernement des médecins qu’est devenu le conseil scientifique.

Il serait irresponsable de nier la réalité de l’épidémie. La combattre est une nécessité et un devoir d’Etat. Avec les armes de la médecine et de la recherche mais aussi celles de toutes les ressources de la puissance publique. Mais pas au prix des libertés des Français. Ni au détriment de notre vitalité économique. Pas plus qu’au risque d’une tragédie sociale.

Instituer le couvre-feu pour six semaines dans neuf métropoles — en attendant sans doute d’autres et en dépit de la puissance symbolique que revêt ce terme pour les plus anciens — ce après un long confinement général, c’est condamner à mort des dizaines de milliers de restaurants, de bars, de commerces de cinémas, de théâtres. Fermer les salles de sport c’est détruire des milliers d’emplois. Contraindre les entreprises à avoir recours au chômage partiel et à la réduction de leurs activités, c’est décider de la disparition de nombre d’entre elles et ouvrir la voie au tsunami fiscal qui, quoi que dise Bercy, déferlera un jour ou l’autre pour assurer le remboursement des dettes.

Que dire, enfin, des contraintes dignes de la Roumanie de Ceausescu que doivent subir les familles françaises à qui l’on demande de réduire drastiquement les réunions privées?

Tout cela au nom de la nécessité qui oblige, l’incurie et l’imprévision des pouvoirs publics ayant conduit notre système hospitalier à la situation de tiers-mondisation dramatique que l’on sait.

On ne joue pas au bonneteau avec la santé des Français. Mais le gouvernement ne peut pas non plus durablement faire tourner le barillet de la roulette russe sur la tempe de notre économie et le cœur de nos libertés.

Pierre-Antoine Kervern.