Honni soit qui comme au Mali pense!

Honni soit qui comme au Mali pense!

Honni soit qui comme au Mali pense!

 

Le coup d’État qui s’est produit au Mali, m’amène à faire plusieurs constats. Cet évènement qui pourrait paraître anodin parce que ne concernant qu’un pays africain en proie à une guerre interne et subissant un développement bridé, est en fait très exemplaire des rapports entre un pouvoir, un peuple et une armée. Un pouvoir corrompu, éloigné de la population, incapable de gérer la situation conflictuelle et lié à des intérêts claniques, n’a pas résisté à cette union, si étrange, aux yeux de certains politiques français, entre le peuple et son armée. Dans une ambiance anarchique, l’armée comme le disent les journalistes et les politiques, chez nous, a « pris ses responsabilités ». Pourtant ce pouvoir déchu était issu d’élections démocratiques selon les canons de la culture européenne actuelle.

J’insiste, une fois encore nous sommes, en fait, confrontés à la différence de nature entre légalité et légitimité. Ibrahim Boubacar Keïta a bénéficié de ce que Bernard Lugan nomme « l’ethno-mathématique ». Il s’est cru investi d’une autorité incontestable. Or, nul politique ne peut se permettre d’agir contre un courant de pensée important quand son élection n’associe pas légitimité et légalité. En Afrique, la composition des États est telle qu’elle engerbe de nombreuses ethnies. C’est bien connu. Dès lors, sur un continent où l’appartenance ethnique est toujours primordiale et les options politiques totalement accessoires, il est absurde de vouloir imposer des principes démocratiques que la plupart des nations européennes, ou d’origine européenne, ont mis des siècles à établir de manière, d’ailleurs, très souvent insatisfaisante. Ces pseudo-démocraties africaines ont été imposées par l’ancienne puissance coloniale, en récusant des faits sociétaux qu’elle connaissait pourtant parfaitement. L’intérêt des pays africains n’était évidemment pas l’objectif de l’exportation de ces principes. Il s’agissait plutôt pour les dirigeants français de l’époque, de confirmer aux yeux de certains, qu’ils étaient eux-mêmes des démocrates et de promouvoir un système de gouvernement que les pays de l’est européen venaient d’adopter après la chute du mur de Berlin. La démocratie, même dans un environnement qui ne s’y prêtait pas, devenait, dans l’esprit de quelques uns, la garantie de ne pas voir surgir, à nouveau, l’influence revancharde des Soviets. La démocratie occidentale, victorieuse, devait rayonner sur l’univers. Raisonnement à courte portée! Les principes démocratiques ne sont pas applicables partout. Ils doivent correspondre à une culture, à des traditions, à un état d’esprit général et nécessitent une homogénéité relative de la population. Ces obligations nous ne les rencontrons que rarement sur le continent africain. Souvent l’armée, incluant toutes les composantes de la population, est la seule institution représentative de l’ensemble d’un pays, en dehors des assemblées nationales. Ce n’est pas toujours ainsi. Cependant, globalement, les chefs portent une certaine attention à la répartition ethnique des responsabilités; comme c’était aussi le cas dans le parti unique. Le culte du drapeau, signe d’unité, fédère, et la hiérarchie multiethnique, même imparfaite, oblige. Il n’est donc pas étonnant que dans des circonstances où le pouvoir politique a failli, qu’une population, oubliant ses divisions, se rassemble dans le refus de continuer à subir son indifférence et son incompétence et se tourne vers l’armée pour remettre de l’ordre. Si le coup d’État au Mali est, par nature, hors de la légalité démocratique, l’armée dans son action est pleinement légitime. Bien sûr, les responsables des pays voisins peuvent s’inquiéter car ils savent très bien qu’en cas de difficultés internes ou d’abus trop évidents, ils risqueraient de subir un sort identique à celui d’IBK.

Si nous revenons en Europe, en France tout particulièrement, nous pourrions affirmer que la situation ne peut être comparable. Il est vrai que le peuple français, de longue date, est uni en une nation encore solide. Il est vrai aussi que le système démocratique, malgré quelques hésitations anciennes, est aujourd’hui reconnu et voulu par tous. Il est vrai, enfin, que l’armée n’y joue plus le rôle majeur qui a été le sien au cours des siècles et qu’elle a été retirée des allées du pouvoir pour être réduite à une action très encadrée.

Toutefois des évolutions néfastes, des affaiblissements moraux, des mensonges et des lâchetés ont gangréné un pouvoir qui ne répond plus vraiment aux attentes et préoccupations du peuple. La première des fautes a résidé dans une tromperie électorale, soutenue par une alliance médiatique et financière, qui, aujourd’hui, ne fait plus aucun doute. Il y a donc eu divorce, dans notre vieux pays, entre légitimité et légalité. Cette rupture a été confirmée par l’absentéisme considérable dans les votes, laissant arriver des groupes extrêmement minoritaires en chaperons du pouvoir. Éloignés des réalités ou volontairement silencieux sur l’insécurité aggravée dans l’ensemble du pays, les gouvernements ont lentement perdu la confiance de la population. Les Français subissent toutes sortes d’exactions, de crimes, d’attentats, d’agressions verbales ou physiques de la part d’une communauté étrangère, nombreuse et culturellement et sociologiquement inadaptable. Le pouvoir est incapable d’agir, prisonnier de ses contraintes européennes, philosophiques ou pseudo-humanistes et surtout malade de l’absence de chef apte à diriger et à servir la nation. Permissivité, favoritisme, complaisance éhontée à l’égard des ennemis de la France, justice évanescente et partiale, intolérance à l’égard de l’opinion populaire, mépris des usages et des traditions, alignement sur le transnationalisme financier, abandons de souveraineté, désinvolture à l’égard des fleurons économiques et stratégiques, désinformation, mensonges, incohérence dans les propos, incurie dans la gestion…sont les graves symptômes d’une démocratie malade et savamment rendue malade. Elle n’est plus cette relation étroite entre le peuple et ses dirigeants au travers d’élections honnêtes impliquant des choix éclairés. Elle s’est insidieusement muée en un système bâtard utilisant les principes de l’élection ouverte et les outils de contrôle des opinions. Elle est devenue clanique dans la mesure ou l’autorité gouvernementale appartient désormais à une caste ayant reçu la même formation et formatée selon une identique structure mentale et soumise à ce gouvernement souterrain de personnalités financières étasuniennes et européennes. Dénaturée, elle ne convient plus aux Français, peuple intelligent et politique, qui régulièrement, sous diverses formes, manifeste son mécontentement ou son hostilité.

Est-ce que cela peut durer? Non, bien sûr. Que va t-il se passer? Bien malin qui peut le dire. Si le pouvoir persiste dans ses errements, nul doute que des évènements majeurs se produiront. La COVID 19 ne pourra pas éternellement rendre muette la population. Certes le peuple français n’est pas le peuple malien et l’armée française n’est pas une armée de pronunciamientos. Cependant, il ne faut pas être grand clerc pour entrevoir le risque d’un futur grand bouleversement. Face à l’insécurité et l’inaction du pouvoir, et aux outrages à ses libertés, le peuple français, déjà, s’organise en dehors des modèles officiels. Il le fera de plus en plus. Il sera aidé. Bientôt, à cause d’une exaction de trop, d’une provocation regardée comme insupportable, ou d’une décision absurde du gouvernement, saturé de mépris, il utilisera les armes. Elles sont nombreuses dans le pays. Le pouvoir sera alors confronté à une situation qui le dépassera. Il aura du mal à mâter ce qui ne sera déjà plus une simple contestation. Il ne pourra pas le faire de crainte de ne pas être obéi ou d’aggraver la situation. Il tentera alors des élections, à l’image de de Gaulle en 68, en utilisant tous les moyens de la désinformation. Mais il est fort peu probable que le résultat soit à l’identique. Certains, noyés dans l’ambiance délétère et internationaliste de l’UE, pourront dire que ce que j’envisage et crains n’est pas possible, car la France est apaisée et qu’un esprit de conciliation et de soumission finira par se diffuser, écartant tout risque… Cet esprit que le gouvernement souterrain de l’Occident a lentement voulu infuser dans la vie de notre société. Ils ne connaissent guère le peuple de France et n’ont tiré aucune leçon de ses 1500 ans d’histoire puisqu’ils la refusent. Ils n’observent pas le monde.

Si ces gens, par je ne sais quel miracle, en venaient enfin à écouter le peuple et les conseils, il y aurait encore un espoir. Mais ils devraient alors fondamentalement modifier leur façon de faire et revenir à la vraie démocratie, à un retour au service de la patrie. Ils devraient reprendre langue avec l’histoire de France. En seraient-ils capables? là est la question…

Henri ROURE

Secrétaire national en charge de la défense