Présidence du Conseil européen ; qui sortira vainqueur ?

A voir le large sourire de José Manuel Barroso à l’annonce du choix si difficile des 27 chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne pour les postes de Président du Conseil et de Haut représentant pour les affaires étrangères, il était possible d’en conclure qui était le gagnant de ce difficile marathon institutionnel. Au demeurant, il ya quelques semaines Monsieur Barroso avait affirmé que la Commission n’accepterait pas que le Président du Conseil soit considéré comme le visage de l’Europe ! Etrange affirmation qui pourtant ne souleva aucune réaction de la part des Etats membres.

Avec leur légèreté habituelle la plupart des journalistes Français se sont empressés de prendre un air condescendant tant à l’égard de Lady Ashton qu’à l’égard d’Herman van Rompuy.
Si le choix de la Haute représentante pour les affaires étrangères avait de quoi surprendre, elle-même ayant confessé son inexpérience dans le domaine, et si l’on pouvait y discerner la main d’un Président de la Commission souhaitant garder le contrôle des 5000 agents du réseau diplomatique de l’Union européenne, il en va tout autrement pour Monsieur van Rompuy.
Etre Premier ministre du royaume de Belgique est tout sauf une sinécure. Il y a quelques mois la presse faisait la une sur les dissensions entre les Flamands et les Wallons et l’éclatement probable du pays. Il eut été avisé de noter que depuis l’arrivée au pouvoir de Monsieur van Rompuy l’atmosphère s’était notablement apaisée et que ce signe n’était pas la preuve d’une faible personnalité.
Autre indice, le Premier ministre belge avait refusé par deux fois la charge qu’on lui proposait parce que la décision n’était pas unanime, ce qui n’est pas le propre d’un caractère timoré non plus qu’arriviste.
Enfin on aurait pu s’aviser que tous ceux qui le connaissent témoignent de son intelligence, de son habileté, de la profondeur de sa spiritualité et, ce qui n’est pas la moindre des qualités pour présider le Conseil européen, de son humour.
Certes, l’homme n’est pas un adepte de la politique spectacle, ce qui est une qualité plutôt rare par les temps qui courent et qui témoigne d’un certain respect des citoyens.
Ainsi la morale de la fable « tel est pris qui croyait prendre » risque fort de s’appliquer au détriment de ceux qui croyaient ou espéraient vider de son contenu cette nouvelle présidence du Conseil européen.
Herman van Rompuy appartient à la même école que Robert Schuman. Peut-être saura-t-il apporter à l’Union européenne ce qui lui manque le plus : l’âme.
Et c’est l’âme qui gagne les combats.

 

Stéphane Buffetaut
Premier vice-président du CNI
Président de l’Observatoire Européen du Développement Durable
Ancien Député Européen