par Gilles-William Goldnadel, Secrétaire national chargé de la Justice
A l’heure du hashtag mobilisateur et des indignations électroniques , on permettra à quelqu’un qui ne marche au pas cadencé des modes hystériques et des pauses avantageuses de choisir ses causes.
Non, je ne me suis pas rendu à la convocation féministe des #Metoo pour protester contre le harcèlement des femmes.
Je ne m’y suis pas rendu, car, personnellement, je me méfie de ces cortèges de bons sentiments exhibés publiquement et qui ne coûtent pas très cher, ils sont pleins d’imposteurs.
Je ne m’y suis pas rendu car je n’aime pas vivre, à Paris, à l’heure de Charlottesville ou de Los Angeles. En août, on détruit les statues des généraux sudistes, en septembre, on veut culbuter Colbert et dégommer Dugommier.
En octobre, on découvre les turpitudes hollywoodiennes de ce monsieur Weinstein et huit jours francs plus tard voilà que des charcutières électriques veulent tailler dans chaque porc français qui s’ignore une bonne tranche de lard.
On peut effectivement tout reprocher à l’extrême gauche sauf d’être complexée, c’est d’ailleurs dans ce manque de pudeur, qu’elle puise sa vigueur.
Je ne m’y suis pas rendu, car comme à leur habitude, j’ai vu les gaucho-féministes et leurs masculins supplétifs empressés vouloir sans complexe prendre le train en marche. On peut effectivement tout reprocher à l’extrême gauche sauf d’être complexée, c’est d’ailleurs dans ce manque de pudeur, qu’elle puise sa vigueur.
Elle s’est toujours trompée, ce qui ne l’empêche pas de vouloir constamment chapitrer. Car, en manière de violences faite aux femmes ou de comportements inappropriés avérés, la gauche, si elle avait une once de décence, devrait se faire modeste.
Je rappelais dans ma chronique de la semaine passée comment le camp du bien hollywoodien, celui des libéraux généreux, des jet-setter sans frontières prêts à ouvrir certainement leurs piscines et leurs jacuzzis à tous les migrants de la terre, ceux qui ont abominé d’injures et de reproches le président honni de tous les beaufs blancs réunis avait fermé les yeux pendant des années sur les turpitudes d’un des leurs.
Mais la gauche radicale française devrait également se faire radicalement petite.
Je revois encore Monsieur Baupin Denis parader superbement avec ses verts amis , maquillés et les lèvres rougies, en soutien courageux envers le se-xe faible et les autres minorités sexuelles martyrisées. Ce sont ces mêmes amis écolos-gauchistes qui se sont tus pendant des années alors qu’ils connaissaient l’hyperactivité de leur camarade aujourd’hui déchu mais qui ne saurait les avoir outrageusement déçus. Peut-être, dans le courant tumultueux des nouveautés politiques, n’avons-nous pas suffisamment apprécié le progrès effectué, dans la déconfiture électorale de ce parti si souvent convaincu d’impostures.
Surtout, je ne m’y suis pas rendu, parce que je n’y étais pas le bienvenu.
Il faut lire l’interview qu’a donnée à LCI, Carole Galand, organisatrice des manifestations sous la bannière: «MeToo»:
«Il n’y aurait pas de problèmes si l’homme n’existait pas… Il n’est pas facile pour certaines femmes victimes d’agression de manifester aux côtés des hommes. C’est pourquoi dans le parcours de la manifestation, certaines zones sont réservées à ces femmes…»: C’est la dernière mode ségrégationniste: Dominés de tous les pays, réunissez-vous en excluant les dominants!
Les indigènes de la république, l’UNEF (voir cet article du Monde, pour une fois salvateur) apprécient les camps racisés interdits aux blancs. Voilà que les féministes de la république veulent confiner les femmes dans des espaces franco de porcs. Je ne suis donc pas de ceux qui s’imposent.
En revanche, si un défilé n’excluant a priori personne était organisé dans la foulée du hashtag MontreTaCroix, j’y protesterais volontiers avec mes pieds contre la dernière décision du Conseil d’État ordonnant l’amputation du symbole de la chrétienté sur une œuvre d’art consacrée à Jean-Paul II et édifiée sur une place de Ploërmel. Bref un calvaire administratif en plein pays catholique et breton.
Au plan juridique, la décision apparaît suprêmement insensée. Il ne s’agit pas de l’édification d’un emblème religieux dans l’espace de la république, il s’agit d’une partie de l’ornement emblématique d’un tout artistique.
La religion des natifs ne bénéficie pas des mêmes prévenantes attentions que celle des nouveaux arrivants, du voile jusqu’au burkini. Maudits chrétiens racistes parce qu’occidentaux dominants.
Mais laissons là le droit. Je sais bien quel est l’esprit qui souffle depuis longtemps sur la haute institution. Je sais ce qui se trame dans l’inconscient du juge administratif. La religion des natifs ne bénéficie pas des mêmes prévenantes attentions que celle des nouveaux arrivants, du voile jusqu’au burkini. Celle des «chrétiens zombies», de la religion des blancs qui se meurt, pour reprendre la hideuse expression d’Emmanuel Todd pour les taxer pour le même prix d’Islamophobie.
Maudits chrétiens racistes parce qu’occidentaux dominants. Cachons leurs emblèmes. Comme cette marque de yaourt grec qui vient d’effacer la croix orthodoxe sur son étiquette pour n’offenser personne. Comme la régie publicitaire de la RATP qui interdisait toute publicité caritative pour les chrétiens d’Orient martyrisés pour n’offusquer personne. Comme cette loi mémorielle Taubira qui interdit le souvenir de la traite arabique des chrétiens pour ne désespérer personne dans les banlieues.
La mairie de Paris peut bien organiser la nuit du ramadan aux frais du contribuable, sans attenter à la laïcité et les prières de rue se poursuivre sans emprise sur l’espace public. Sous l’empire de la laïcité française à géométrie variable et de la pudibonderie américaine schizophrène, on applaudit donc le plug anal , on célèbre le vagin royal et on construit des édicules zoophiles où l’on sodomise les chiens sans égard pour le regard enfantin.
Dans mes «Réflexions sur la question blanche», je confessais qu’en ma petite enfance normande mais judaïque je craignais de dormir dans un lit surmonté d’une croix catholique. L’église en ces temps-là était encore dominante et parfois impérieuse.
Adulte, je ne puis souffrir que l’on interdise aux enfants malmenés de sa fille aînée de montrer leur croix où ils veulent sur leur terre de France.
Dans un domaine extrêmement voisin, mon lecteur apprendra, puisqu’on ne lui a pas dit, que la semaine dernière, le médaillé d’or Israélien Tal Flicker a vu les symboles de l’État juif-hymne national et drapeau frappé de l’étoile de David-interdits de cité par les autorités d’Abou-Dhabi, pays organisateur du tournoi de judo du Grand Chelem.
L’athlète victorieux a alors entonné lui-même l’hymne de son pays.
Bel exemple à méditer si l’on veut continuer d’exister sans renier sa croix ou son étoile.
Gilles William Goldnadel